Concours, compétitions et autres défis
Solitaire, l’activité mathématique ? Austère, répétitif et abstrait, le travail de l’élève ? Trop formaliste, l’enseignement scolaire ? Quelles que soient les opinions, il est stimulant d’en déborder le cadre et de faire se confronter les uns et les autres. Selon le ministère de l’Education nationale (http://eduscol.education.fr/maths/enseigner/ressources-par-dispositif-et-enseignement/concours-pour-les-eleves.html), « c’est une singularité des mathématiques que de proposer autant de concours sous des formes et à des niveaux aussi variés. De nouveaux concours naissent tous les ans, et de nouvelles modalités se développent, comme les épreuves par équipe. La compétition est présente bien sûr, mais surtout le plaisir de chercher, de se confronter à ce qui résiste sans autre enjeu que le plaisir de faire pétiller ses neurones. Chaque élève, quel que soit son niveau ou ses goûts doit pouvoir y trouver son bonheur ! ». Les Olympiades des mathématiques, créées en 2000-2001, affichent une ambition supplémentaire, celle d’« inciter les jeunes, et notamment les jeunes filles, à se tourner vers les carrières scientifiques ». Le Kangourou revendique la notion de plaisir.
Née au sein du monde éducatif, cette course aux meilleurs s’est élargie à un public plus large lors d’activités extrascolaires. Alors, les contraintes ne sont plus celles d’un programme ou d’exercices d’entraînement, mais les problèmes sont ouverts et l’originalité des réponses est récompensée. Hier, il y avait les journaux d’entraînement pour les « bons » élèves aux problèmes d’examens (Baccalauréat) ou de concours d’entrée aux grandes écoles, avec le Journal de mathématiques élémentaires (Vuibert, 1880-1980) et le Journal de mathématiques spéciales. Les auteurs des meilleures solutions étaient listés dans le numéro suivant, tous les 15 jours, du 1er octobre au 15 juillet de chaque année. Actuellement la tendance est plutôt aux questions stimulant la recherche et l’initiative, ou encore à des QCM (questionnaires à choix multiples) obligeant à des raisonnements élaborés à partir d’une documentation éventuellement fournie.
La France aime les concours, présents au fil de la scolarité et des études supérieures, elle sait les organiser et elle va en organiser. Le Championnat international des jeux mathématiques et logiques, les Olympiades, le Kangourou des maths, Rallyes régionaux ou élargis… rencontrent un succès qui ne se dément pas. Parfois inspirées de l’étranger, comme le Kangourou pour l’Australie, ces concours se diversifient et s’internationalisent à l’Europe ou à un international plus large. Ils permettent aussi la rencontre avec d’autres disciplines, comme le prix Lewis Carroll qui, organisé par la revue Tangente, se veut « un combiné de jeux mathématiques et littéraires » (http://www.ffjm.org/index.php?option=com_content&task=view&id=3&Itemid=4).
Même les sudokus, en vogue dans tous les magazines et présents dans de nombreux sites dédiés, exercices a priori solitaires, mettent à l’épreuve les meilleurs joueurs (http://logic-club.wifeo.com/).
Ces « défis » mathématiques, notamment les jeux et énigmes logiques se nourrissent des « récréations » d’antan, et incitent à remonter aux travaux de Claude-Gaspard Bachet de Méziriac (1581-1638), et à sa première édition en 1612 des « Problemes plaisans et delectables » puis Jacques Ozanam, à la Renaissance.
La popularisation des mathématiques elle-même devient concurrentielle. Ainsi, le prix D’Alembert, décerné tous les deux ans depuis 1986 par La Société mathématique de France (SMF), récompense des actions de vulgarisation (expositions, livres, émissions de radio, actions publiques…). Le prix Tangente du livre récompense un ou des ouvrages marquants de l’année. Et les initiatives rivalisent d’originalité.